Arthur Rimbaud fait figure d’exception dans le paysage de la littérature, et plus généralement de l’art. La Légende qui accompagne sa personnalité hors-norme a fait de lui successivement un voyou, un vagabond, un maudit, un mystique, un voyant, un révolté, un génie…
Il est vrai que le personnage n’a cessé de susciter des interrogations, des études, des analyses, et qu’aujourd’hui encore subsistent bien des zones d’ombre quant à la destinée de ce poète adolescent. Il aura composé l’essentiel de son œuvre entre l’âge de 15 et 20 ans, après quoi il se tait, de manière définitive. Il y a un « mystère Rimbaud », en particulier dans ce silence qui succède à son œuvre.
« Ma Bohème » est chronologiquement l’un de ses premiers poèmes. En octobre 1870, il a tout juste 16 ans, mais déjà un style, et une maturité de l’écriture étonnante pour son jeune âge. Et tout est déjà là : son tempérament bouillonnant, son goût de la liberté et du vagabondage, ses visions, qu’il théorisera peu après dans ses « lettres du voyant ».