En 1913, l’Europe est dans une position incontestablement dominante par rapport au reste du monde. Cette domination est militaire, économique, coloniale, culturelle, artistique, idéologique, politique… bref, elle est totale et multiforme, elle s’étend dans tous les domaines et elle est alors incontestée.
Les changements qui pourtant traversent les pays européens sont profonds et de nature à bouleverser les repères traditionnels, les fondements anthropologiques de toujours. Révolution industrielle, développement du capitalisme, mondialisation des échanges sont déjà, à cette époque des forces qui retravaillent les traditions et leur donnent une inflexion inédite. Les arts, sous la bannière de cette « modernité » brandie par les différentes avant-gardes connaissent une efflorescence remarquable et souvent surprenante. Même si une inquiétude diffuse est bien réelle et bien présente, personne ne semble prendre la mesure de l’immense catastrophe à venir.
Apollinaire est le témoin de ce monde. Témoin conscient, observateur attentif, poète enchanté et enchanteur, il traduit et il célèbre ce qu’il sent, ce qu’il voit et ce qu’il entend dans un langage nouveau, dans une poésie qui se veut le signe des temps, avec une confiance qui bientôt appartiendra aux choses du passé.
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