En 1664, avec l’interdiction du Tartuffe par le parti des dévots, Molière a essuyé un sérieux revers personnel. Lorsqu’il revient sur les planches l’année suivante avec le personnage déjà bien connu de libertin impie qu’est Dom Juan, il va sans dire qu’il est attendu au tournant, et il le sait. Il va alors s’ingénier, dans un numéro d’équilibriste du rire et de la provocation, à un jeu permanent et maîtrisé avec les limites, où rien de ce qui aura été dit ne pourra en fin de compte être retenu contre lui. La censure a ceci de bon qu’elle force à l’intelligence et incite au génie.
Pour lire la pièce de Molière : Dom Juan
Pour ce qui est des mises en scène, ce n’est pas le génie qui brille en revanche mais bien davantage la platitude. Entre celles, souvent mauvaises du théâtre subventionné, et les autres, spécialement destinées à un public scolaire, nous n’avons rien à nous mettre sous la dent qui soit vraiment à la hauteur du texte de Molière. Signalons au spectateur indulgent une version, qui pour n’être pas complètement indigne n’en est pas pour autant ébouriffante, de Marcel Bluwal avec Claude Brasseur et Michel Piccoli. La musique de Mozart fait passer la pilule.
Je n’ai pas vu toutes les propositions de mise en scène et il s’en monte de nouvelles régulièrement. Quelqu’un finira bien un jour par faire quelque chose de valable avec ce grand classique. Merci de m’informer si vous dénichez la chose.