Dom Juan (1665), acte I, scène 1, scène d’exposition

Lorsque Molière représente Tartuffe ou l’imposteur en 1664, il se fait violemment attaquer par le parti des dévots, ces religieux rigoristes qui se sont sentis visés par la peinture de ce faux-dévot-vrai-hypocrite qu’est le personnage de Tartuffe. Molière est obligé de retirer sa pièce après quelques représentations seulement, et même la protection du Roi n’y peut rien.

Lorsqu’il revient, l’année d’après avec le Dom Juan, la cabale l’attend au tournant. Le personnage est sulfureux et déjà bien connu du public puisque Molière le reprend de l’espagnol Tirso de Molina et de son Burlador de Sevilla y convidado de piedra (vers 1630). Dom Juan est en effet un libertin qui enchaîne les conquêtes amoureuses et un impie qui ne respecte “ni Ciel, ni saint, ni enfer, ni loup-garou…” Il y a donc de la provocation de la part de notre auteur à s’annoncer sur les planches avec un sujet aussi sensible. Le jour de la première, la salle est vraisemblablement pleine de ces dévots à l’affût du mot de trop, du “dérapage” dirait-on de nos jours. Ils veulent en découdre pour de bon, et Molière le sait.

C’est donc en talentueux et virevoltant provocateur qu’il joue avec les limites sans jamais les franchir, qu’il déplace l’enjeu et sème la confusion dans l’esprit de ses détracteurs. Cette scène d’exposition ne ressemble en rien à ce à quoi on pourrait s’attendre, et les moralisateurs de tous poils seront menés par le bout du nez et n’auront en fin de compte pas grand chose à se mettre sous la dent pour faire condamner leur diable de comédien.

Mais pour comprendre en détail tous les enjeux de la pièce et les restituer dans leur actualité, une petite explication s’impose :

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