Pour qui est un peu familier des Fleurs du Mal, ces mots rappellent immanquablement le sentiment d’angoisse et d’ennui profond que Baudelaire désigne par ce mot anglais de Spleen. Le Spleen sonne aux oreilles françaises comme un mal étrange et fantastique, comme l’opiniâtre voyelle longue qui fraye son chemin jusqu’à l’intérieur de nos cerveaux pour y semer son oeuvre de destruction physique et métaphysique. Il faudra quatre poèmes portant ce même titre dans les Fleurs du Mal pour essayer de donner une image de ce qui excède les possibilités de la représentation et de ce qui dépasse les capacités de la langue française. Voici l’une de ces tentatives :
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“Dis-moi, ton coeur parfois s’envole-t-il, Agathe ?”
C’est par ces mots pressants, par cet appel jaillissant que Baudelaire se voit franchir en compagnie de l’être aimé, les immenses distances qui séparent l’ici-bas d’un ailleurs rêvé. A l’enthousiasme du départ succède cependant assez rapidement, le désenchantement et la désillusion. L’âme se retrouve alors esseulée et triste, Moesta et Errabunda comme on dit en latin. De là, rien ne l’empêche plus de se livrer avec délices aux affres morbides et angoissantes du Spleen, elle qui avait si fort désiré un Idéal hors de sa portée.
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L’Albatros
Tout le monde connait ou a entendu parler de ce poème des Fleurs du Mal. Cela vient sûrement de sa lisibilité et de la facilité avec laquelle on peut le comprendre. Sa signification est en effet assez transparente et n’offre pas au lecteur de défi interprétatif trop compliqué à relever : Le poète, comme l’albatros, est un être qui plane lorsqu’il est dans les airs, mais qui souffre au niveau du sol. Cependant, si ce poème est aussi célèbre et s’il continue d’exercer sa magie bien qu’il n’y ait “rien à comprendre”, c’est que Baudelaire y a mis tout son art et a réussi plus que jamais à élever cette figure…
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Une Charogne
Quelques poèmes des Fleurs du Mal sont pour nous particulièrement emblématiques de ce qu’a cherché à y faire l’auteur. Ils nous semblent concentrer en eux tout le projet de Baudelaire, toute son esthétique, et en particulier cette tentative “d’extraire la beauté du mal”. Ainsi en va-t-il de ce poème, “Une Charogne”, qui propose à notre admiration et à notre méditation, un objet vraiment répugnant. La vie, la mort ; l’horreur et le sublime se mêlent et revêtent, grâce à l’art de Baudelaire, des couleurs inattendues…
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Gaspard de la nuit
Sous cet étrange titre se cache une oeuvre poétique non moins étrange. Passée inaperçue lors de sa publication, elle fut vantée par Baudelaire et plus tard par les surréaliste qui voyaient en Aloysius Bertrand un “surréaliste du passé”. 15 minutes pour découvrir cette oeuvre qui passe pour le premier recueil de poèmes en prose.